mardi 12 décembre 2017

De la Galerie SR, en travaux, jusqu'au Musée d'arts de Nantes

 


Cela commençait à devenir urgent ! Régulièrement, la façade de la Galerie SR nécessite un « ravalement ». Cela faisait au moins cinq ans qu’elle n’avait pas été repeinte. Un certain écaillage du bois – dû au climat parisien ! – devait être revu et corrigé. Voilà qui vient d’être fait. La couleur de la façade n’a pas changé… ou si peu. Depuis l’ouverture de la galerie, c’est toujours ce que l’on nomme le « vert parisien » qui a été choisi. Mais ce vert, comme tous les verts, est difficile à reproduire exactement. Voilà pourquoi, à chaque fois que la galerie a été repeinte, c’est-à-dire à quatre reprises, le vert a toujours été légèrement différent. Celui-ci est un peu plus clair. Espérons qu’il attire encore plus l’œil ! 





Pour accompagner ce ton, il nous a semblé qu’un monochrome de James Guitet, disposé en vitrine, s’assortirait bien avec la façade repeinte.
Il y a cent ans, Casimir Malévitch peignait son fameux Carré blanc sur fond blanc. Un vrai coup de tonnerre dans l’art. Aujourd’hui, bien plus modestement, voici comme un « Carré orange sur fond vert » que l’on peut voir, ou déguster – c’est selon – à la Galerie SR…

Dans sa grande maison-atelier d’Issy-les-Moulineaux, James Guitet (1925-2010) semblait heureux. Dans son atelier aux murs blancs, la lumière zénithale venait se poser sur ses toiles avec précision. Le peintre voyait ainsi idéalement sa toile en cours placée, elle, sur un chevalet. James Guitet ne jurait que par la lumière zénithale, au point de ne vouloir exposer, si possible, que dans ces conditions. Il pestait contre les musées qui n’offraient que des éclairages artificiels, aux ampoules qui faussaient les couleurs. Dans sa grande ferme-atelier du hameau de Vaurargues, dans le Gard, il bénéficiait aussi de cet éclairage pour créer.

L’huile sur toile, dénommée Ambre, présentée en ce moment à la Galerie SR, date de 1992. De dimensions 50 x 50 cm, elle n’est pas tout à fait un monochrome. Quelques éléments, en forme d’éventails, au nombre de sept, viennent rompre l’uniformité apparente de la toile. Dans ces éventails, le peintre a tracé des lignes violettes et jaunes d’une grande subtilité. Cette abstraction de Guitet est parfois ardue de prime abord. Mais, lorsque l’on entre dans cette œuvre, on se surprend à découvrir tout le raffinement de ce monde. Le plaisir est alors intense, et durable. Dans son Dictionnaire international des arts (Editions Bordas, Paris, 1979, 2 vol.), Pierre Cabanne remarque : « La géologie imaginaire de James Guitet, fondée sur une recherche très intériorisée des textures de la toile et de ses structures, séduit autant par son raffinement qu’elle frappe par son souci d’ordre et de gravité. » C’est à vérifier à la Galerie SR…

James Guitet est né à Nantes, en 1925, où il fit, vers l’âge de vingt ans, l’Ecole des beaux-arts. Nous connaissons bien, depuis longtemps, cette ville, et notamment son musée, qui vient de rouvrir après plusieurs années de fermeture pour travaux et agrandissement. 

Musée d'arts de Nantes


Ce nouveau Musée d’arts de Nantes est magnifique, et son café-restaurant recommandable. Quel plaisir de revoir les Tintoret, Guido Reni, Georges de La Tour, Philippe de Champaigne, Simon Vouet, sans oublier cette Cène attribuée à Gérard Douffet…


Gérard Douffet (attribué à), La Cène, vers 1620-1630




Gérard Douffet (attribué à), La Cène (détail)


Si le célèbre Portrait de Madame de Senonnes, d’Ingres, n’est pas forcément mis en valeur, écrasé par un grand Sigmar Polke, placé juste à côté, pour lui rendre hommage, sans doute, une autre « icône » du musée, Tête de femme coiffée de cornes de bélier, de Jean-Léon Gérôme, séduit pleinement par son étrangeté.


Jean-Léon Gérôme, Tête de femme coiffée de cornes de bélier, 1853


Et quels beaux Delaroche, Dubufe, mais aussi Jules-Elie Delaunay, Nantais dont on peut admirer les plus belles œuvres en ce lieu. Deux marines d’Alfred Stevens retiennent aussi l’attention, tout comme La table au soleil, d’Henri Le Sidaner, peintre qui n’a pas son pareil pour iriser de rayons de soleil ses natures mortes et ses jardins.


Paul Delaroche, Tête de moine camaldule, 1834


Jules-Elie Delaunay, Persée délivre Andromède


Le Musée d’arts de Nantes, sur quatre niveaux, est immense. Il nécessite trois ou quatre heures de visite. Les sections modernes et contemporaines sont aussi largement représentées. Tant de beaux Manessier, Vasarely, Saura, Hantai, Frize, Mc Collum, etc. Sans oublier les artistes nantais, comme James Tissot, Maxime Maufra, Jean-Emile Laboureur, le surréaliste Pierre Roy, Martin Barré, Philippe Cognée…


Martin Barré, Composition, 1956


Un regret, toutefois. Aucune œuvre de James Guitet, artiste nantais, en ce Musée d’arts. Un oubli ? Si tel est cas, espérons qu’il soit vite réparé. Nous n’oublions pas pour notre part James Guitet, qui nous fit aussi l’amitié de visites à la galerie.

 
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Galerie SR

16, rue de Tocqueville

75017 Paris

01 40 54 90 17



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